
Un compte rendu de l'édition 2012 de ce festival parisien !
La musique que Daniel Menche produit depuis déjà plus de vingt années est une construction sonore – une architecture – de toute beauté, qu'il est bien difficile de classer, de ranger dans une catégorie : on pourrait aussi bien parler d' "ambient" que de noise, de musique acousmatique ou électronique, lui chercher des équivalences dans des musiques contemporaines (au sens "classique contemporain" du terme) aussi bien que dans des performances "harsh noise", suggérer la musique industrielle ou même le "field recording", et on aurait autant raison que l'on serait complètement à côté ; il y a un peu de ça, de tout cela, dans sa production, mais ce qui fait la qualité de cette œuvre – et le terme n'est pas trop fort, que ce soit par sa haute tenue ou son abondance (le catalogue de Menche est imposant !) – c'est d'une part le savant mélange de tout cela en elle, mais surtout de n'être redevable à aucune de ces catégories.
Partant d’une constatation empirique quant à la présence difficile de la musique sur scène : propositions pour une architecture de l’écoute.
Le précédent texte a exploré les enjeux de l’image selon ses différents modes – en tant qu’objet / medium / vision – pour ouvrir des pistes de conditions par lesquelles le visuel peut en éclore. Pour continuer cette fouille, creusons ici à un niveau en profondeur : la technique qui produit l’image, l’outil – outil lui-même également objet et medium – et la procédure. La primordiale technicité c’est le processus de création dans son intégralité : la méthodologie et la technologie. L’outil en premier lieu qui permettra la fabrique de l’image ; l’outil en second lieu qui permettra sa matérialisation, son incarnation, sa transmission. Et la procédure quant à elle est liée en grande partie à cet outil.
De janvier à mars 2012, je suis allé, accompagné de Satoko Fujimoto, sur les lieux de la triple catastrophe qui a frappé le Japon en 2011, dans le but de réaliser une composition musicale sur le thème justement de la… catastrophe. Pour ce faire, j’ai bénéficié de la bourse de l’Institut Français hors les murs.
Pendant les trois premières semaines, nous sommes allés à la rencontre des sinistrés des catastrophes successives qui ont affecté le Japon, pour réaliser des interviews. Les cinq semaines suivantes ont été réservées à la composition musicale selon la trame donnée dans les interviews. Le titre lui-même est une citation de l’un des témoins.
Plus d'un an après la catastrophe, Otomo Yoshihide nous décrit le projet Fukushima ! La création d'un festival et le partage d'information avec la population locale.
Né à Paris en 1981, aujourd'hui installé comme beaucoup d'autres artistes français à Bruxelles, Yann Leguay axe son travail sur la matérialité du son qu'il applique à de nombreux domaines : installations, performances, musiques pour la danse ou le cinéma, sans oublier l'organisation de concerts et la création radio…
Dans son disque vinyle, Cutter Off, il nous fait écouter les sons de la fabrication, de l'usure et de la destruction du disque vinyle même. Une mise en abyme qui interroge l'idée quantitative et consumériste derrière chaque nouvelle invention d'un support audio, et qu'il appliquera également au CD, au minidisc, à la cassette : la musique comme représentation d'elle-même.
Lors de son exposition "zero db" (Instants Chavirés, 2011), il s'attaquait aux outils de stockage et de diffusion sonore dans un jeu avec la gravité, le feu, la mémoire, l'interaction, la réification…
Son dernier 45 tours, "Record without a hole", est en fait plus que normal, soit une surface pvc plane, à laquelle il manque le trou central. Gravé dans le sillon, un texte nous explique comment le faire correctement. Donc un disque à première vue inaudible où l'auditeur devra lui-même choisir d'en percer ou non le mystère.
À défaut de vous offrir une perceuse, voici quelques propos de Yann Leguay pour tenter de pénétrer les surfaces d'une pratique qui résonne dans les traces de Milan Knizak, Christian Marclay, Robert Morris ("Box with the sound of its own making" de 1961) ou Thomas Burvenich.