LUC BOUQUET

AU BAL CLANDESTIN

FOU RECORDS, CD, FR 57 – 2024

Muni d’une caisse claire et d’une cymbale, dissimulées dans ses sacoches, Jeannot, le père de Luc Bouquet partait en moto avec son compère Séverin l’accordéoniste vers quelques fermes des Alpilles pour y animer quelques bals. Cela peut sembler anodin, sauf que c’était pendant l’Occupation et que c’était interdit et donc dangereux. Au bal clandestin est donc dédié par le batteur à son père, et quelque chose transparait de l’émotion qui a dû le conduire à la réalisation de ce CD, ne serait-ce que les deux courtes séquences fragiles d’harmonica qui l’ouvrent et le referment. On connait Luc Bouquet pour ses contributions au magazine Improjazz et au Son du Grisli et son livre Coltrane sur le vif. On le connaît aussi pour avoir enregistré en 2002 avec la saxophoniste Véronique Magdelenat le duo Boumag, augmenté sur quelques plages par Christine Wodrascka au piano, Rémy Charmasson ou Raymond Boni à la guitare, Bernard Santacruz à la contrebasse. Un duo de 2005 avec Boni donnera également un CD, Talk About…The Listener Writer. Plus récemment, en 2015, ce sera Kind of Dali, avec le clarinettiste basse et contrebasse Ove Volquartz et le contrebassiste Jean Demey. C’est dire si Luc n’encombre pas les rayons des disquaires. Il est d’ailleurs tout sauf un batteur démonstratif. Répartis en quatre séquences cohérentes et homogènes, la première aux cymbales frottées, les autres faisant appel aux toms et aux cymbales, les quatre soli de batterie présentés ici ont tous un caractère immédiatement évident, qui parle au cœur. C’est que Luc Bouquet est de la trempe d’un Max Roach. Chez lui « the drum talks », la batterie exprime et imprime.

Claude COLPAERT

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