ARCHIPEL ÉLECTRONIQUE, VOL. 1 / COMPOSITIONS ÉLECTRO-ACOUSTIQUES: TRAMES
COMPILATION
COMPOSITIONS ÉLECTRO-ACOUSTIQUES: TRAMES
LA MUSE EN CIRCUIT ALM 001
Distribution : Distrart
CD
COMPILATION
ARCHIPEL ÉLECTRONIQUE, VOL. 1
D’AUTRES CORDES DAC 2010
Distribution : Les Allumés Du Jazz, Metamkine
CD
Editées plus ou moins au même moment, ces deux compilations ont l’avantage de présenter pour une part tout au moins les mêmes créateurs. Samuel Sighicelli et Sébastien Roux émargent en effet dans les deux propositions. Présences qui assurent une sorte de trait d’union entre les deux productions. Si l’auditeur peut regretter que l’Archipel électronique ne propose en fait qu’un extrait de la pièce éditée l’année précédente sur le même label, Marée Noire de Sighicelli – remarque valable pour France Matraque de Frank Vigroux renvoyant à l’album « Camera police » l’intérêt de ces deux réalisations réside dans le fait de montrer un peu la diversité des pratiques acousmatiques en France, provenant notamment (pour la première des compilations) mais pas exclusivement, de praticiens qui n’ont pas fait nécessairement leurs classes auprès des structures nationales officielles, type GRM, de les soutenir. Manipulations de cordes électriques, sons sales, grincements bruitistes et trames déstructurées, opérés par des créateurs souvent imprégnés de la culture de l’improvisation, caractérisent l’archipel lozérien (siège des éditions D’Autres Cordes) conduisant l’auditeur dans un maelstrom angoissant. Des sons plus emphatiques en général, moins agressifs certainement, offrent une diversité plus prononcée entre les cinq propositions du recueil de la Muse en Circuit, 3e Jour de Samuel Sighicelli faisant, par ses sonorités, office de lien avec la première compilation. Celle de Sébastien Roux, Katsina, présente une trame à la fois plus linéaire et plus sereine, quoique réalisée à partir de séquences diverses incluant jeu d’orgue et manipulation d’ustensiles divers, là où C (sur la première compilation) épouse l’aspect plus tourmenté des compositions de l’Archipel électronique. Dans Perspectives, du compositeur argentin Luis Naon*, décliné en quatre volets, les sonorités sont à la fois plus « liquides », granuleuses, parfois tourmentées (il est question de souvenirs du bagne), plus enjouées aussi (au rythme des ciseaux et du scherzo du coiffeur, et offrent un avant-goût d’un cycle, Urbana, conçu pour vingt-cinq œuvres. Collaborateur de Luc Ferrari et directeur de la Muse en Circuit, David Jisse signe lui une œuvre travaillée à la manière d’un tisserand, dont la trame, structure sonore se nourrit d’apports divers parfois surprenants, curieux, mais jamais obsédants, presque anecdotiques, malgré l’idée sous-jacente d’évoquer « l’écroulement de la fragile architecture du monde » (D.J.).
*auteur par ailleurs du dernier opus de l’ensemble Laborintus, « Lascaux Expériences » Césaré I0/I0/I0/I
PIERRE DURR