FREE CLASSICAL GUITARS / I NEVER METAGUITAR
A travers ces deux compilations dédiées à la guitare, chacune proposée par un praticien de l’instrument (le Belge Grégory Duby d’une part, Elliott Sharp d’autre part), l’auditeur côtoie diverses approches de l’instrument. Des approches complémentaires. La première peut sembler plus expérimentale, plus ouverte dans la mesure où elle s’inscrit moins dans un environnement identifiable, d’autant plus que ses praticiens (européens) sont moins connus, presque plus anonymes si l’on excepte Nicolas Desmarchelier, Olaf Rupp ou peut-être Roger Smith, alors que les invités de l’enregistrement portugais (européens, américains, voire asiatique avec Kazuhisa Uchihashi…) ont déjà une notoriété certaine, confirmée par plusieurs décennies de pratique, sous leur nom pour une majorité d’entre eux (Elliott Sharp, Jean-François Pauvros, Noël Akchoté, Scott Fields, Mike Cooper, Henry Kaiser…) ou en tant que partenaires d’autres instrumentistes liés au jazz improvisée (Mary Halvorson, Jeff Parker…). Par ailleurs les premiers usent d’une guitare classique dans leur pratique de l’improvisation, tandis que la guitare électrique reste l’instrument de prédilection pour les seconds, même si l’un ou l’autre des officiants use d’une viole de gambe électrifiée (le Suédois Raoul Björkenheim), d’effets divers (Jeff Parker), voire de plusieurs guitares jouées simultanément (Henry Kaiser)… Entre nappes sonores, approches à la power trio, pratique d’arpèges, jeux aux phrasés tantôt plus jazz, tantôt plus rock expérimental, parsemés de séquences improvisées déjantés, « I never metaguitar » reste assez familier tout en cultivant la diversité, alors que « Free Classical Guitars » offre majoritairement des pratiques assez proches les unes des autres dans la mesure où pour la plupart des officiants et au-delà de leur sensibilité personnelle, des détournements sonores qu’ils opèrent ou de la mise en situation de l’instrument , Derek Bailey semble être l’inspirateur principal.
PIERRE DURR