PLAY SCHUMANN – DICHTERLIEDER / PLAY MAURICIO KAGEL – BEETHOVEN VAN / PLAY LUC FERRARI – CYCLES DES SOUVENIRS
FREDERIC BLONDY / DJ LENAR
PLAY MAURICIO KAGEL – BEETHOVEN VAN
BÔLT BR POP02
Distribution : Metamkine
CD
REINHOLD FRIEDL / BERNHARD SCHÜTZ
PLAY SCHUMANN – DICHTERLIEDER
BÔLT BR POP01
Distribution : Metamkine
CD
Cette petite série de 3 enregistrements qui nous parviennent de Pologne présente un point commun: l’interprétation, par des musiciens plutôt « catalogués » improvisateurs, d’œuvres issus de la musique dite sérieuse. Encore que reprendre « le cycle des souvenirs » de Luc Ferrari (exploitation des concepts n°2*) ne correspondant pas vraiment à cette définition. Ni d’ailleurs « Ludwig Van »**, qui est en fait un film de Mauricio Kagel sur Beethoven et son musée…
Le premier des trois enregistrements est lui un classique repris très souvent. Dichterliebe comprend 16 mélodies composées par Schumann sur des poèmes de Heinrich Heine en 1840 au moment de son mariage avec la pianiste Clara Wieck. Deux d’entre elles (Im wunderschönen Monat Mai – Im Rhein, im heiligen Strome) ont déjà fait l’objet d’un enregistrement par la sphère improvisatrice, à savoir par le duo MINTON/WESTON***, voire pour la seconde, par 4 Walls ****. Et il y a sans doute d’autres interprétations. L’originalité de celle-ci réside dans le fait qu’elle ne se situe ni dans le registre d’un récital classique aux voix sublimées, ni dans les dérives vocales faites d’onomatopées propres à l’univers mintonien. Ces Dichterlieder apparaissent ici davantage comme un programme de cabaret, à travers la voix de Bernhard Schütz – un acteur allemand qui joue dans le film français « La Rafle », sorti en mars 2010 –, une voix à la fois hargneuse, pleine de gouaille. Des Dichterlieder qui sortent de l’univers capitonné des salles de concert classiques pour rencontrer un environnement plus populaire, en somme.
Play Mauricio Kagel – Ludwig Van est plus proche des pratiques contemporaines par un habile mélange entre les interventions au piano de Frédéric Blondy, et les sons générés par DJ Lenar.
Malgré la référence à la musique classique de Beethoven, le premier agrémente les mesures respectueuses de l’univers musical du compositeur allemand – ainsi que celui d’un Bach ou d’un Vivaldi – d’interventions plus hasardeuses, propres à son style: inside piano, percussion sur le cadre du piano, accumulation de véhéments clusters… Le second use de sons issus, pour certains, du film de Kagel, d’autres provenant d’autres bandes sonores (notamment d’un film documentaire de Werner Herzog de 1970, avant sa collaboration avec Florian Fricke ou a fortiori Ernst Reijseger!) ainsi que d’interventions instrumentales dues à Sabine Meyer, Le Quan Ninh, Ingar Zach… Des trois enregistrements, sans doute le plus intéressant et jubilatoire.
Play Luc Ferrari – cycle des souvenirs. Il s’agit bien de souvenirs. Et d’évocation d’un musicien, Luc Ferrari. A l’origine, l’œuvre était une captation de réflexions du compositeur sur son quotidien, ses pensées, son journal « en désordre », avec quelques dates hasardeuses (31 février, 36 octobre…). Rinus von Alebeek, néerlandais vivant à Berlin est, lui un artiste sonore, travaillant largement sur la captation sonore. Il recrée ici les cycles du souvenir de Ferrari. Il est vrai qu’il s’est installé dans la maison de Ferrari à Montreuil, et Brunhild Ferrari lui fait écouter l’enregistrement de son défunt mari tout en récitant certaines des réflexions de celui-ci. Le tout est repris et retravaillé par Rinus le visiteur qui y juxtapose les sons environnementaux de cette journée d’automne 2010. Une manière de continuer à faire vivre une œuvre, son auteur. Un travail auquel s’attache par ailleurs eRikm.
*Blue Chopsticks BC8. Dist. Métamkine
** »The Mauricio Kagel Edition » Winter & Winter 910128-2. Dist. Abeille
*** »…past » I Dischi di Angelica IDA 018. Dist. RéR
*** »Which Side are you on » Red Note 11. Dist. Orkhêstra.
PIERRE DURR