A DIAMOND OF RADIANT COLOUR
POSSET
BELLS HILL BH007
Distribution : Bells Hill
CDR
En Angleterre au Moyen Age, pour se désaltérer, on faisait bouillir du lait avec de la bière, on ajoutait des épices et on appelait ça du ‘Posset’. Et effectivement, Posset est devenu au fil des années un spécialiste du lait caillé. On imagine très bien ces huit morceaux enregistrés et mixés à la main, d’un dictaphone à l’autre entre la porte de la chambre et la table de la cuisine, il s’agit donc bien d’un nouvel album studio pour celui qui partageait en 2011 les dates anglaises de la tournée Bill Orcutt / Jessica Rylan. Dans un brouillard épais de bandes magnétiques, rien n’est plus semblable à un enregistrement que l’enregistrement de cet enregistrement, sans même parler de l’ enregistrement d’un enregistrement de cet enregistrement. Dans ce nouvel album de Posset, il y tout ça qui se mélange, des fréquences, des avalanches de souffle, du montage, du démontage, du rembobinage, des larsens, de l’attente, beaucoup d’imprévu et il y a également invité sur plusieurs morceaux, un enfant en bas âge, qui semble ne pas vouloir laisser son père enregistrer son disque tranquillement. Dans ce nouvel album il y a également des extraits assez troubles de performances, et le timbre déchiré d’une guitare électrique qui n’est jamais vraiment jouée, ou juste effleurée, mais par les micros de laquelle sont relus et montés les morceaux. L’ensemble de ces huit titres pourrait se rapprocher du son d’une radio pirate retransmettant en direct les activités d’un schizophrène enfermé dans un bunker. Dans les dernières secondes émergent une mélodie déjà entendue, celle d’un guitariste du Sahara publié par le label américain Sublime Frequencies : Group Doueh. Tout laisse à penser que Posset écoute Group Doueh à la maison. Le nouveau disque de l’anglais est à la hauteur de tous les autres, journal impossible à recoller, bruyant, distordu, avec toujours autour cette vague odeur de brouillon et cette errance dans le montage qu’on retrouve également dans les Cassette Memories d’Aki Onda. De la dérive à la radicalité, il n’y a souvent qu’un pas.
BENJAMIN LAURENT AMAN