THE ALMOND / RÊVE PARISIEN

RHYS CHATHAM

RÊVE PARISIEN

PRIMARY INFOIRMATION RHYSLP

Distribution : Metamkine

LP

NATE WOOLEY

THE ALMOND

POGUS POGUS21061-2

Distribution : Metamkine

CD

La trompette. Instrument vieux comme le monde. Instrument qui à lui seul évoque et véhicule des grands noms. A l’héritage pas toujours facile à assumer. Miles Davis évidemment, Don Cherry bien sur, mais aussi Axel Dörner ou encore Jac Berrocal. Instrument à vent. Physique. Qui demande un investissement corporel et technique total. Pas de souffle, pas de son. Pas de souffle, pas d’idées. Nate WOOLEY et Rhys CHATHAM ont les deux. Mais sont partis de l’idée. Encore que…Une certaine idée du drone en l’occurrence. Du souffle continu bien sur. Ce qui rassemble ces deux artistes l’espace de leurs disques sortis quasi simultanément, est qu’on a pas l’habitude de les écouter dans ce registre. Et en soit c’est une sacré surprise. Et si on pousse un peu plus loin en ce qui concerne Rhys CHATHAM, on le connait beaucoup plus à la guitare qu’à la trompette. Nate WOOLEY lui, est plus habitué aux rencontres free qu’aux solos aussi minimaux que celui-ci, dédié au passage à ses 6 neveux et nièces pour la petite histoire. Pour tout autre renseignement sur Nate, je ne peux que profiter du moment pour citer notre camarade Théo Jarrier qui avait placé le duo NATE WOOLEY/PAUL LYTTON dans son top ten des disques de l’année 2010 (« Creak above 33 », PSI). Sur cette longue pièce (près de 70 minutes et c’est un extrait nous disent les notes de pochettes), Nate WOOLEY axe son travail sur le minimalisme américain, celui de Pauline Oliveros, de Charlemagne Palestine, d’Alvin Lucier. Il y incorpore de la voix (on ne connait pas son auteur, a priori une voix féminine), qui s’immisce à merveille sur ces notes continues, et qui se fond magistralement dans la musicalité dans un exercice de cordes vocales toutes aussi continues, et dans un registre sonore tout aussi proche de celui de la trompette que ça en devient troublant. Le terme est assez juste, troublant colle bien à la peau de ce disque où l’on ne reconnait pas forcément le générateur de ces drones, la trompette. D’autant plus que les notes de pochettes nous disent aussi que les seuls sons de ce disque proviennent de la voix et de la trompette, sans aucune retouche. Tout simplement magique, ce disque plaira assurément aux fans du genre. Pas étonnant aussi que ce soit paru sur le label Pogus. Définitivement ancré dans le minimalisme américain, moins étonnant d’entendre Rhys CHATHAM dans ce registre. Là ou Nate WOOLEY travaille sur le souffle continu et sur une économie certaine de notes, Rhys CHATHAM lui, a développé un système de mises en boucles et de delay travaillées en direct qui le situe beaucoup plus vers Don Cherry et Jac Berrocal. Sur invitation de Jacob Kassay de la galerie parisienne Art:Concept, Rhys CHATHAM y a joué un concert en mai 2010 construit autour de ces répétitions « live » élaborées en de courtes pièces ici reproduites pour certaines. Ça klaxonne, ça piaille, et ça divague aussi. Pas révolutionnaire mais pas déplaisant non plus. On va dire que ça fonctionne bien, pas plus. Il lui avait été demandé aussi d’enregistrer une pièce diffusée en boucle durant les heures d’ouverture de la galerie et dont nous retrouvons ici l’enregistrement en face B. Qui me plait déjà davantage. Moment assez proche, dans la forme, du disque de Nate et qui m’a incité à faire cette chronique groupée. Des notes émincées survolent un tapis de notes continues qui étrangement s’apparenteraient à un orgue. Mais ce n’est probablement pas le cas et c’est ce qui est si magique dans les musiques dites drone et répétitives. Les aficionados du genre savent de quoi je parle et apprécieront c’est certain.

CYRILLE LANOË

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