INFRA
PASCALE CRITON
POTLATCH P317
Distribution : Metamkine
CD
Le label Potlatch a eu l’excellente idée de nous faire découvrir le joli travail de Pascale Criton. Découvrir, car c’est seulement la deuxième fois, en plusieurs décennies, qu’il nous est donné d’entendre ses compositions sur disque. Effectivement, elle a passé la majeure partie de sa déjà longue carrière, débutée en 1977, à étudier entre autres la composition et l’ethnomusicologie. Sa spécialité est l’étude des techniques de scordatura, liées à la microtonalité appliquée principalement aux cordes. Ici le violon, le violoncelle, et la guitare sont accordés au 1/16 de ton, aux côtés de la flûte et du trombone. Quatre pièces interprétées de fort belle manière par l’Ensemble Dedalus, représenté par Didier Aschour, Amélie Berson, Thierry Madiot, Sylvia Tarozzi et Deborah Walker. Quatre pièces jouées en duo, quintet ou solo. Difficile de parler pourtant de ces espaces sonores extirpés de recherches – je parle pour moi, qui ne suis pas forcément le plus apte de l’équipe à écrire ces quelques lignes. Mais comment pourrait-on rester sans émotions, sans éclats, sans frissons, sans vertiges face à ce disque malheureusement trop court ? Les vibrations des cordes sont incroyablement hautes, saillantes pour un disque portant ce titre, Infra, utilisé également par Sleaze Art [Toeplitz/Abecassis/Galiay/Hanak, Bocian Records, 2015, NdR]. Vibrations même un peu psychés parfois, j’irai même jusque là, oui. Mais si l’on n’a pas accès aux quelques repères de sa biographie (combien d’entre vous la connaissent ?) repris en début de cette chronique, si l’on se positionne en auditeur naïf, dans le bon sens du terme, curieux de façon complètement décomplexée, on serait incapable sans doute de s’imaginer jusqu’où peuvent aller ces micro-intervalles, comme elle les nomme. Comment dire combien ce disque est fort, combien les événements se déplacent de façon limpide dans l’espace, dans une gestuelle ample de surcroît, sans trop entrer dans une analyse qui serait sans doute déplacée eu égard à la beauté de ce qui nous est offert ? Les pièces en quintet sont les plus significatives de cette interprétation de grande classe, et selon moi d’une vraie composition moderne. Encore un excellent choix artistique du label Potlatch.
CYRILLE LANOË