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MAGRAVA
WV SORCERER WV037
Distribution : Bells Hill, Bandcamp, Autodistribution, Abeille
CD
Deuxième disque du duo composé de Rodolphe Loubatière et Cyril Meysson, MAGRAVA enfonce en novembre 2019 le clou de la révolte semée en 2017 sur Sédition, leur premier et époustouflant disque. Deux titres d’album aux trois syllabes chacun (un truc de journaliste raté ça), pour des pièces allongées qui elles n’ont pas de titres tangibles mais des caractères (pour ce qui de ce disque), pour mieux nous concentrer sur la musique comme disent les musiciens eux-mêmes. Quand on entend ce qu’ils envoient, on ne peut pas faire autrement que de se concentrer sur la musique. Lorsque j’évoquais en septembre dernier l’excellent disque de Spelterini (Kythibong), j’évoquais (le début de vieux que je suis) le noise massacré et possédé en mode rouleau compresseur du (vieux lui aussi forcément) groupe américain Hovercraft principalement sur leur album « Akathisia » (Mute-Blast First/1997). Nous n’en sommes pas si loin encore une fois ici dans la puissance, sur la première pièce et ce feedback de rotative en lame de fond sur une batterie qui mouline, menée à la baguette qu’elle est. Un titre qui irait bien en musique de fond d’une bande dessinée lue cet hiver « Grand Océan » de Fabien Grolleau et Thomas Brochard aux éditions Cambourakis, que je vous conseille vivement au passage. Une musique des ténèbres océaniques ou une autre idée de la collapsologie qui une fois de plus relève le défi sur le deuxième titre, de tenir en joue le free noise parfois tant convoité mais souvent raté, qui ici fait mouche. De tout feu MAGRAVA fait du bruit et le fait bien. Toujours aussi étonnant d’écouter Rodolphe jouer aussi vite et fort lorsqu’il nous habitue davantage au minimalisme le plus radical, que vous connaissez déjà vous qui lisez revue et corrigée. Disque masterisé par James Plotkin pour le label Wv Sorcerer (entre Chine et France) tiré à 100 exemplaires seulement, alors faites vite.
CYRILLE LANOË