NEVERGREENS  / CINÉMAGIQUE 2.0

JOHN WOLF BRENNAN

NEVERGREENS

LEO RECORDS LR865 – 2019

CD

PAGO LIBRE

CINÉMAGIQUE 2.0

LEO RECORDS LR863 – 2019

CD

Il y eut la trilogie bleue (entre 1989 et 1994), puis la trilogie jaune (1998-2009) et nous sommes en attente de la trilogie rouge (qui devrait débuter avec un premier volet l’année prochaine). En attendant, voici Nevergreens. « Green » ? Le vert est la combinaison entre le bleu et le jaune : vous l’avez compris, il s’agit d’une sorte de compilation reprenant des extraits des deux trilogies. Mais pourquoi « never » ? Evergreen aurait peut-être été plus judicieux : manière de montrer, pour John Wolf Brennan, qu’il est toujours présent, après une période plus discrète depuis le début de la décennie, simplement marquée par une sorte de pèlerinage syncrétique en deux étapes* ? Le pianiste irlandais, installé depuis la fin des années 70 en Suisse centrale (où il débuta avec le quintet Impetus), a cherché à puiser dans ses précédents enregistrements solos l’essence de son art, en les recontextualisant, en leur créant un nouvel écrin, lequel inclut toutefois un (très) court inédit, « Homing », extrait d’une pièce radiophonique présentée en 2009. Son art, qui mêle approche classique et jazz, se manifeste surtout par son lyrisme et son extrême fluidité. S’il a parfois recours au piano préparé (« Rump-L-Rumba »), à l’emploi d’un archet pour frotter les cordes (« Isle of View »), c’est toutefois avec une relative parcimonie, pour rester fidèle à cette atmosphère enjouée pleine de subtilités qu’il sait mettre en œuvre.
Dans la foulée, Leo Records réédite le 3e opus de Pago Libre, Cinémagique (paru initialement sur TCB Music, label du Montreux Jazz, en 2001), en y ajoutant près de 18 minutes avec trois inédits (mais pourquoi en avoir exclu « Transylvanian Harbour » et « Transylvanian Railroad Train », très courts ?). Rappelons que cette formation plus ou moins permanente du pianiste se veut transnationale en intégrant (à l’aube du millénaire) aux côtés de Brennan le violoniste autrichien Tscho Theissing, le corniste russe Arkady Schilkloper, et le contrebassiste italien Daniele Patumi. Comme son titre l’évoque, il s’agit d’une musique évoquant le cinéma, sans références à des films précis, mais se lovant dans l’univers de Hitchcock, Godard, Tarkovsky, Fellini (parfois à travers leurs écrits). La formation en 2001 était encore à ses prémisses, et allait s’inscrire dans un univers Mitteleuropa fécond.

* Son trio avec Tony Majdalani et Marco Jencarelli.

PIERRE DURR

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