ARAL SEA STORIES… AND THE RIVER NARYN
PETER CUSACK
CORVO RECORDS CORE 017 – 2019
LP
Peter Cusack continue sa quête des sons de notre œkoumène, lequel nous documente à la fois sur la perception de la nature, ses atteintes par l’anthropisation, et ses tentatives de régénération. Un de ses terrains d’étude, du fait de sa taille bien sûr, mais aussi parce que l’action de l’homme, à travers une mise en coupe réglée de la nature et qui s’y est presque relevée systématique, reste l’immensité asiatique. Après nous avoir fait découvrir la magie de la fonte des glaces du lac Baïkal, les paysages lugubres mais pourtant encore habités des environs de Tchernobyl, et les champs pétrolifères autour de la mer Caspienne (Sounds From Dangerous Places), c’est une vision ouverte de la mer d’Aral qu’il nous propose ici. Tout le monde connaît cet espace emblématique des dérives de l’exploitation humaine : afin de favoriser (principalement) l’irrigation des champs de coton à partir des années 60, l’homme a réduit de plus de 75 % de sa superficie cette mer intérieure, créant aussi la ruine des activités de pêcherie. La prise de conscience, certes tardive, a peu à peu conduit ces dernières années les pays limitrophes à chercher des solutions pour régénérer cet espace. Peter Cusack s’est surtout focalisé sur un village du Kazakhstan en plein renouveau, dans la partie nord de la mer d’Aral (quoique cela semble se faire au détriment de la partie sud !), renouveau qui peut aussi avoir une incidence sur une ville frontalière de Kirghizistan distante de plus de 1 000 km de la mer d’Aral, située sur un affluent de l’Amou-Daria, l’un des deux principaux fleuves alimentant la mer d’Aral. Une leçon de géographie/ethnologie sonore qui s’appuie en particulier, bien sûr, sur l’élément aquatique…
PIERRE DURR