VU DU DÔME
ÈLG
LES EDITIONS GRAVATS GRVTS012
LP/CD/DL
Nous avions, ici, laissé Laurent Gérard sur son excellent vinyle paru chez Nashazphone en 2016, « Mauve Zone ». Titre an abime, cette fois c’est « Vu du dôme » que nous caressons les fines électroniques mutantes, orchestrées par la moitiè d’Opéra Mort et le tiers de Reine d’Angleterre entre autres. Connaissant son univers drôlement (dans le bon sens du terme) sale, drôlement sombre, finement chamanique, il nous emmène cette fois vers une pop vaporeuse. Lui qui nous reçoit à la maison en entame de ce court opus, faisant les 60 pas par minute, qui finit par sortir sur un chant d’outre tombe ruisselant, le décor est planté. Le temps par le gong, le temps par l’horloge amorcée par un métronome, l’espace si restreint marqué par les pas en allers-retours, s’étire et s’étale sur un synthétiseur oscillant, toutes veines dehors extirpées de plaintes strillantes et pourtant enveloppantes, pour amerrir sur une plainte à l’envers, douce, entre le spokenword et le chant, entre art brut et poésie sonore. Laurent vient picorer et stimuler son univers pour lui faire faire de la pop au ÈLG. On retrouve bien l’univers Opéra Mort assez vite au coeur du bazar, sur les deux bourraux « Cérum monstre » et surtout le satanique et succulent « Au bûcher », où le lo-fi rencontre le noise magistral dont il a le secret. Sa recette secrète justement, est de mêler ensuite des influences, sans vouloir lui donner ces intentions bien sur, allant de My Bloody Valentine à My Jazzy Child en passant par Stereolab dans un simple et même morceau, « Soeurs de crin », sur une pointe d’electronica qui va venir saupoudrer ces quelques titres à la suite, dont une ritournelle où il nous avoue son amour de la chanson qui fait mouche. Vient ensuite un retour au bricolage fleurant bon le Ghédalia Tazartès sur « Feu au club ». Un univers qui plaira aux fans de no wave belge et française des débuts 80, aux fans des structures ondulentes de Arlt, voire les débuts de Rita Mitsouko et leur fabuleux « La fille finie du froid », sur le titre « Un filtre en or ». Sur ce morceau il se fait d’ailleurs accompagner par la franco anglaise Catherine Hershey. Une autre apparition se fait remarquer, celle de Borja Flames sur le dernier titre. Un disque atypique qui lui ressemble : surprenant, malicieux, talentueux et drôle. Je suis persaudé aussi que Jac Berrocal aimera ce disque.
CYRILLE LANOË