GEORGES AU SPORTING
ANN PARANTHOËN
Distribution : Metamkine
CD
Georges au Sporting est la cinquième oeuvre radiophonique de Yann Paranthoën (1935-2005) éditée par Ouïe/Dire. Diffusée pour la première fois en 1983 sur France Culture, elle se présente sous la forme de témoignages autour de la figure du poète Georges Perros captés à Douarnenez où il vécut de très nombreuses années.
« C’était pas des compte-rendus, c’était des ambiances » dit l’un des protagonistes, journaliste au Télégramme qui avait fait obtenir à Georges Perros une accréditation presse pour assister aux matchs amateurs de football du Finistère Sud. L’aspect premier de cette oeuvre est sa part informationnelle, la communication des paroles, ce que la radio en quelque sorte et la plupart du temps nous indique d’écouter. Ici, ce sont les bribes détenues par chaque personne interrogée sur un homme qu’elle côtoyait quotidiennement et qui forment sa silhouette tour à tour floue et précise, les contours d’ « Une Vie Ordinaire ». Mais il y a chez Yann Paranthoën un constant travail de contrepoint avec ce qu’on appelle communément les « ambiances », c’est-à-dire le cadre et le volume des sons présents qui se mêlent aux voix, nous permettant, en deça de ce qu’elles expriment, d’en goûter le grain, la présence et la musicalité. Le choeur des voix parlées, mis en scène dans l’espace stéréo, échappe ainsi à l’évidence du premier plan et tisse à la fois une rythmique et une épaisseur, où chaque chose entendue, si ténue soit-elle, est accueillie au creux de notre écoute comme si Yann Paranthoën nous invitait à en prendre soin. Au delà des « sujets » de ses oeuvres, se révèle comme une mélancolie de l’écoute due à l’urgence de témoigner de la disparition constante de ce qui s’imprime pourtant sur la bande magnétique (« la mort au travail » de Cocteau à propos du cinéma) et d’une épiphanie du quotidien si précisément sculptée. A la fois « compte-rendu » et « ambiances », les deux pôles intimement liés, un cheminement qui relie l’intelligible et les phénomènes, une magnifique philosophie de l’écoute.
BAKU