WORK
NICK HENNIES
QUAKE BASKET RECORDS QB26
Distribution : Metamkine
CD
Un artiste que je ne connaissais pas. Et un art que je ne savais pas aussi poignant. L’art de la vibration minimaliste, répétitive. Je le connaissais par d’autres biais plus « pop », comme avec Town and Country. Chez Nick HENNIES, américain, le vibraphone résonne minimaliste, redondant autant que forcément vibrant. Une magie de la réverb naturelle, la vibration de l’espace à travers le filtre des lames effleurées. Presque caressées, laissant échapper des résonances aigües qui viennent couvrir les frappes suivantes. Mais nous sommes déjà sur la deuxième pièce. La première, « Settle for vibraphone (2-3 players) », est un (grand) solo. La deuxième donc, « Expenditures » est un ensemble en septet. Une longue pièce (40 minutes) gracieuse, carillonante, presque aussi primitive que sur le « Macchia Forest » évoqué plus haut. Où le vibraphone emmène son petit monde dans un raga entêtant. Le tout avec une approche de composition contemporaine. Et détrompez-vous, ça sonne !!. Dans un registre un peu éloigné mais pas trop (parce que beaucoup plus digitalement séquencé), je pense parfois aux compositions d’Henry Vega. Sauf qu’ici l’acoustique prédomine. Et pourtant « sonne » parfois électronique, parfois incantatoire. Sur la deuxième partie de cette pièce, on oublie le raga et on entre dans une improvisation collective (avec tout de même en fond le vibraphone) incluant entre autres Jonathan Doyle et Ingebrigt Häker Flaten. Là aussi ça sonne. Là aussi ça joue. Ça travaille la corde, à la rendre folle, à la rendre danseuse, à la rendre espiègle aussi. Ça travaille le ton. Longiligne, horizontal. On le scrute cet horizon, et on l’écrit là en direct. Dans une sensibilité qui pourtant maitrise. Dans une écoute mutuelle profonde, à l’image des productions du label, toujours aussi singulières et source de propositions exploratrices de grande qualité. Comme ce disque en témoigne une nouvelle fois. Le grand disque de l’année pour moi jusqu’ici.
CYRILLE LANOË