BREAKING STONE

JACQUES DEMIERRE

TZADIK TZ 9001

Distribution : Orkhêstra

CD

Jacques Demierre, que certains lecteurs de R&C ont dû rencontrer en concert essentiellement comme pianiste et improvisateur (on se souvient de sa série de prestations au festival Fruits de Mhère pour auditeur solo), souvent aux côtés de Barre Phillips et d’Urs Leimgruber, mais aussi, au hasard des rencontres avec Isabelle Duthoit, Okkyung Lee, Thomas Lehn… se manifeste aussi dans la poésie sonore en compagnie de Vincent Barras. Et il lui arrive de composer pour d’autres interprètes. En associant d’ailleurs très souvent piano et voix.
Ce fut d’ailleurs déjà le cas du recueil que lui consacra en 1997 la Communauté de travail pour la diffusion de la musique suisse en 1997, avec trois pièces pour voix, ou piano/voix enregistrées en 1990*.
C’est aussi en partie ce parti pris qu’adopte cet enregistrement sur Tzadik : une pièce pour piano, une pièce pour piano/voix, deux récentes compositions. Le recueil est toutefois complété par une composition pour guitare et violon, Sumpatheia, plus ancienne (2007).
Three pieces for player piano renvoie d’une certaine manière au piano mécanique de Nancarrow, à travers ses trois approches (l’influence espagnole des Studies 6 ou 12, celle du boogie-woogie/ragtime avec les studies 3, 5…, et les studies qui se réfèrent davantage aux compositeurs américains) en usant ici de la pédale forte. Dans la seconde pièce, d’une dizaine de minutes, le travail opéré par Jean-Christophe Ducret sur la guitare est relativement proche des sons, assez secs, que l’on tire de l’inside piano (en fait ce serait plutôt l’inverse !) et se conjugue avec le jeu de cordes plus lancinant du violon.
L’œuvre principale est cependant Breaking Stone, non seulement par son amplitude (une quarantaine de minutes) mais surtout par la réunion sur une seule pièce des deux pratiques que Jacques DEMIERRE privilégie : le travail sur le piano, et celui sur la voix, en mettant en parallèle la recherche de leurs sons originels respectifs, comme si le pianiste, tel Saussure, s’interrogeait sur le système primitif du langage du piano, conjointement à celui des voyelles.
*CTS-M 38

PIERRE DURR

Vous aimerez aussi...