PERIPHERAL / VIGNETTES / SPLIT
Cette fois nous partons en Italie découvrir, pour ma part, le label Frattonove. 24 références au compteur depuis 2005, avec des sorties alternant le lower case (Luminance Ratio/Steve Roden ou Francisco Lopez/Luca Sigurta), l’improvisation (Terrapin) ou l’ambiant et les musiques électroniques. La variété se retrouve parmi les trois dernières sorties ici présentées. AIRCHAMBER 3 fouille les cendres d’un jazz rock lancinant, l’emmenant tranquillement vers une improvisation mutante, répétitive. Souvent rock minimal comme sur « Crippling approach anxiety ». Construite parfois autour d’une voix (« A body is a map of bruises »), aux cordes lointaines empruntant au post-rock du passage à l’an 2000. Une voix quasi en collage. Le jazz rock revient à grands pas, un peu space de temps à autre, me ramenant à Gunnelpumpers de Chicago, présentés dans notre version papier en cours. Une musique de surface, mouvante, ambiant, et qui s’avère après plusieurs écoutes plus minimale qu’elle n’y paraissait au départ. 12 titres légers qui nous effleurent, qui pour moi manquent parfois de charisme à la longue, le démarrage s’avérant malgré tout quelque peu bruitiste. Sous format CD le label Frattonove se montre graphiquement et dans sa présentation à la façon du rock indé : un beau digipack, un morceau caché pour AIRCHAMBER3, un petit catalogue glissé dans la pochette. De rock indé il n’en est évidemment pas vraiment question, encore moins sur la collaboration SERGIO SORRENTINO / MACHINEFABRIEK et leurs treize « Vignettes ». Une guitare ambiant retravaillée et mixée par MACHINEFABRIEK. Peut-être pas franchement une collaboration finalement. Ambiant est le mot pour décrire ce disque : on navigue en pleine nostalgie electronica ou post-rock façon Kranky avec Stars of the Lid par exemple. Ou encore Rothko. Rutger Zuydervelt, alias MACHINEFABRIEK, ne s’en est d’ailleurs jamais caché les quelques fois où j’ai pu l’entendre précédemment. Mais parfois à cheval vers les musiques digitales minimales à la Fennesz entre autres. A poursuivre l’écoute de ces « Vignettes », tout en vous écrivant, ces ambiances se mêlant aux impressions se confirment. Pour les amateurs de notes cristallines et de nappes electronica. Assez décalé, suffisamment pour me dire que je n’avais plus écouté de telles choses depuis un moment, décalé mais pas déplacé. Pas transcendant non plus. Si un disque vous deviez vous procurer parmi eux, c’est de mon avis sans conteste le split vinyle ALBERTO BOCCARDI / LAWRENCE ENGLISH. On parlait de Steve Roden tout à l’heure. On est pas loin du mastodonte « The Radio ». La voix est l’épicentre de la composition. En l’occurrence les voix du chœur d’Antonio LaMotta. Matrice offerte sous forme d’enregistrements aux deux artistes ici présents pour deux interprétations personnelles. Yann Leblanc écrivait dans nos colonnes du numéro 97 à propos de la partie d’ALBERTO BOCCARDI : « Trois mouvements où les motifs se répètent implacablement, dans un mélange de sonorités instrumentales et d’électronique. » Assez vrai je trouve. Au point que je voulais parler d’un mille feuilles de drones, de motifs répétés, sans forcément les chœurs sur ses deux premières pièces. Lorsqu’ils apparaissent, c’est pour mieux nourrir les nappes pesantes, dans une montée étreinte par les guitares. LAWRENCE ENGLISH reprend les choeurs là où BOCCARDI les avait laissés. Pour les plonger dans un lower case des plus éthérés. Pour le laisser s’effilocher dans une ambiant venteuse plutôt réussie.
CYRILLE LANOË