LUMPEN ORCHESTRA / BAISE EN VILLE
SOIXANTE ETAGES est le Lumpen Orchestra. Orchestre où l’on retrouve cette fois le duo Brussel (Brune Fleurance et Hugo Roussel), Dominique Répécaud bien sûr, Heidi Brouzeng, François Dietz à la prise de son et au mixage, et Henri Jules Julien sur le morceau « Egyptian blues ». Du blues tiens. Il en est largement question au départ. Me rappelant « Immensity of the territory » par Ab(s)hum. Jusqu’au titre « 3’33 » » qui marque un virage beaucoup plus rock. Un rock dépouillé sur du spoken word à « La trace ». Un rock à la Kramer, assez lo-fi et new wave sur le beau « Lumpen velvet », qui me replonge dans la pop naïve (surtout dans la voix) d’Earwig. « Willow willow » nous propulse dans une no-wave proche d’Amolvacy. Un dub aux 45t fous nous est offert « avec du vin et du champagne », ça c’est le « Kafe Klatsch ». D’un morceau à l’autre il se passe toujours quelque chose. Ce qui rend ce disque audacieux, subtil, attachant, imprévisible. Le duo BAISE EN VILLE flâne, se promène. Promène son histoire, sème ses poèmes. Soupire sa tension, raidit son souffle, respire son corps, corporellement actif, physiquement au rendez-vous. On sait pas trop où Natacha Muslera et Jean-Sébastien Mariage nous emmènent au départ. Une guitare qui pourtant traine vers chez Noël Akchoté ou Jean-François Pauvros, une guitare ouverte sur une voix susurrée, presque chuchotée mais qui trouve le moyen de courir, ralentir, râlant son venin, et en s’arrêtant à la brutalité retenue, tout en te crachant quand même à la gueule ce message qui veut pas passer : « L’eau tonne comme un crachat d’hiver ». Un langage inventé in situ, un dialogue en live, dialogue qui s’accorde assez souvent entre les deux protagonistes.
CYRILLE LANOË