ASLEEP, STREET, PIPES, TONES
MICHAEL PISARO / BARRY CHABALA / KATIE PORTER
GRAVITY-WAVE GW 004
Distribution : Metamkine
CD
Il y a un siècle cette année, Luigi Russolo, écrivait ce qui deviendra le célèbre manifeste de l’Art des Bruits dans lequel il poindra le fait que ce que nous entendons quotidiennement dans l’environnement dans lequel nous nous trouvons n’a plus le même aspect que du temps d’avant l’ère industrielle. Depuis cette remarque, nombre de musiciens et de compositeurs en particulier dirigeront leur écoute vers le réel sonore dans une attention portée sur l’aspect général des sons en action mais aussi sur le son lui-même. Pour entendre cela, il convient de ne pas brouiller le message en quelque sorte en ajoutant à l’activité sonore ce qui peut-être caractérise le plus le travail du musicien : l’articulation. L’expressivité se niche dans la faculté qu’on les musiciens à pouvoir articuler entre deux notes ou deux événements sonores. Seul un retour à zéro entre ces événements permet d’entendre chaque élément d’une oreille neuve, les relations se faisant dans l’esprit de l’auditeur peut-être plus dans l’espace que dans le temps. La musique de Michael Pisaro ne cesse de revenir à zéro, cet élément (?) qui ne semble appartenir justement ni au temps ni à l’espace et que ne cessait d’interroger John Cage qui trouva dans l’extrême-orient des notions similaires sinon identiques avec le Ku du zen ou le Ma japonais.
Dans asleep, street, pipes, tones Michael Pisaro pose l’un à côté de l’autre des prises de sons urbains, des notes tenues à la clarinette basse, à la guitare électrique, à l’orgue d’église et des sons sinusoïdaux. Des relations vibratoires s’établissent comme si dans l’ultime geste possible du compositeur [qui ne fait que révéler le réel sonore plutôt que de le masquer] nous étions invités à entendre dans le bruit feutré des pneus sur l’asphalte à la fois la simplicité de l’air dans un tuyau d’orgue mais aussi la richesse harmonique qui se manifeste alors.
BAKU