AXIOM FOR THE DURATION / WINDOW DRESSING / 4 PIECES WITH A SNARE DRUM
Pour chaque projet Muramaya aime à rappeler qu’il joue différemment afin de produire quelque chose à la fois original et en économie. Pour chaque projet, plus qu’une forme le musicien cherche une entente avec ses alter égo (Rives ou Guionnet par exemple). Ecoutant pour chaque « duo » une musique qui au début ne lui plaît pas forcément, le créateur se laisse imprégner par une écoute approfondie. Peu à peu transforme les premières sensations. Néanmoins au bout du parcours en commun chaque projet reste une « work in progress . Le musicien estime qu’il existe toujours d’autres possibilités. Néanmoins ce qu’il propose sur ses CD reste parfait.
Maître de l’improvisation Muramaya s’impose une règle. Il refuse ce qu’il nomme l’ « improvisation idiomatique ». A savoir celle qui se limite à la simple démonstrations de techniques sophistiquées et que du prestations en concerts le musicien se contente toujours de rejouer à l’identique de manière « dogmatique ». Improviser reste le contraire de «répéter» ou de « performer ». Et l’approche minimaliste des percussions n’a rien de réductionniste. A la recherche de la précision et d’une forme de groove Muramaya tente par son jeu à faire corps avec les autres instruments qui, selon lui, sont toujours « plus précis que les percussions ». Cette vision paradoxale des drums lui font préférer le caisse claire à tout autre élément. « La caisse claire est une caisse de résonnance : c’est comme un continuum microscopique». A l’inverse il éprouve une certaine aversion pour les cymbales qui « asphyxie » toute musique. Non parce que par essence l’instrument est mauvais mais parce que ses dispositifs d’accroche créent des sons parasites à sa pureté initiale. Afin d’y remédier l’artiste la caresse parfois à l’aide d’un archet..
Toutes ses productions (Cd et concerts) sont à la recherche d’un premier jet, d’une forme de spontanéité. Cela oblige chaque fois à prendre de nouvelles initiatives tout en exerçant une faculté de jugement et de réflexion afin de donner à un morceau sa consistance. L’œuvre est donc bien loin de ce qu’on a l’habitude d’entendre. A partir de sa propre intériorité et d’une certaine solitude Muramaya ne cesse d’aller vers une musique qui se projette au-delà d’elle-même si l’artiste reste toujours réceptif aux sons qu’il produit afin de ne pas s’enfermer dans son propre monde intérieur et de réfléchir à sa perception extérieure. D’autant que pour le percussionniste japonais (installé en France) le silence garde toute son importance comme le prouve ses travaux ave Eric La Casa, Toshimaru Nakamura ou en solo. Il aime à parler « du silence dans le son ou du son comme silence ». Introspective mais aussi « extraspective » la musique se charpente donc au sein d’un silence intérieur. C’est la condition sine que non à son expulsion à travers des ondes sonores où ce qu’on appelle musique prend un nouveau sens.