STONES, AIR, AXIOMS / TRAME

HERVE BIROLINI

TRAME

OPTICAL SOUND OS.044

Distribution : Metamkine

CD

THOMAS TILLY / JEAN-LUC GUIONNET

STONES, AIR, AXIOMS

CIRCUM LX005

Distribution : Metamkine

CD

A l’image de la chronique groupée autour du drone et de la trompette chez Nate Wooley et Rhys Chatham, nous avons reçu à la rédaction dans le même temps deux autres disques au profil similaire. Raccourci qui est ce qu’il est, mais je ne pense pas me tromper malgré tout sur les similitudes entre ces deux œuvres, tournées vers l’électroacoustique, l’acousmatique et la musique concrète. Où il est question si l’on va un peu plus loin de ce que je nommerai humblement « l’architecture sonore ». L’on connaissait Thomas TILLY pour ses enregistrements en extérieur, concentrés sur les sons environnementaux. Bien souvent à l’œuvre en solo ou en groupe avec L’échelle de Mohs, il s’associe ici à Jean-Luc Guionnet portant sa casquette d’expérimentateur sonore in-situ (en opposition à celle de saxophoniste). On l’a déjà connu sur des expériences semblables, chez Shambala records et son projet « Tore » avec Eric Cordier, à l’orgue enregistré en église sur « Pentes » paru chez A Bruit Secret, ou encore avec le même Eric Cordier sur le label allemand Selektion, avec le projet « Synapses ». Pistes qui nous emmènent doucement vers la présentation de ce « Stones, air, axioms ». Trois mots qui résonnent comme les recherches effectuées et retranscrites sous forme de quatre pièces. « Stones », pour la pierre et donc le côté « in-situ » de l’œuvre, à savoir la Cathédrale Saint Pierre de Poitiers. « Air » pour l’étude sur la circulation et la vitesse des sons naturels et ondes créés par l’orgue. « Axioms » pour les contraintes sonores indubitables de l’édifice. Cette partie que l’on nommerait « étude » a fait l’objet de mesures précises, savantes et scientifiques par rapport à l’espace. Ces mesures ont été relevées par les deux protagonistes. La partie composition et prises de sons entre les mains de Thomas. Jean-Luc lui, n’a pu s’empêcher de tester les sonorités de l’orgue en place, comme il l’avait fait en l’église de Notre Dame des champs, Paris 15ème, sur le disque « Pentes » dont on parlait plus haut. Moins reconnaissable dans ses sonorités qu’on lui octroie, l’orgue a aussi servi à l’étude de la vitesse des sons dans l’architecture pour le secouer dans sa dépendance à celui-ci. Le résultat est on ne peut plus encourageant et donne lieu à de longues plages de fréquences ondulantes. La matière grise se met en route et laisse vite place aux imaginations les plus variées. Et soulèvent quelques questions de l’ordre de la kinésique. Effectivement le moindre déplacement dans la pièce où est diffusée ce disque altère l’écoute de celui-ci. Et ouvre des possibilités infinies. Et donc pour ma part, les deux architectes sonores ici présents ont réussi leur coup de façon admirable. Le travail in-situ de Hervé BIROLINI me fait penser à celui de Thomas TILLY dans le sens où il va au plus près des sons environnementaux. Tel un explorateur sonore. La captation se passe parfois à des moments clés de la journée. Le petit matin, la brume, la criée de Boulogne-sur-Mer. Le décor est planté. Là ou leur travail diffère est dans le traitement acoustique par Hervé de ces sons collectés. Avec une couleur plus « radiophonique » (Hervé BIROLINI a été lauréat du concours Luc Ferrari). Mais avec des ajouts d’instruments classiques tels le piano ou la guitare que l’on ne connait pas chez Thomas. Et une couleur plus electronica parfois, avec une guitare traitée comme chez Fennesz par exemple. Cette pièce d’une petite quinzaine de minutes est pour moi un peu trop étoffée et ne laisse pas assez place à la projection de l’esprit, puisqu’elle s’attarde trop sur la composition. Un peu trop mignon à mon goût. Trop d’informations en somme. Ce n’est que mon avis même si on y passe un bon moment, mais sans que l’on soit secoué. Là ou excelle le « Stones, air, axioms ». On peut noter malgré tout un bel offert sur l’objet.

CYRILLE LANOË

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