IIRON
COH
EDITIONS MEGO EMEGO 114
LP
Difficile de comprendre les motivations qui entourent ce dernier album de l’excellent Ivan Pavlov. Alors que tout allait bien, Editions Mego, un label quasi-légendaire, Ivan Pavlov, musicien sans faille, soigneux, précis, une couverture signée Stephen O’Malley, tout prend soudainement sans raison apparente une tournure un peu douteuse. La puissance du métal, celui de sa Russie natale, la froideur des clubs, la musique industrielle, il y a depuis le tout début cristalisé dans Coh la dépouille de tout ça. Mask of Birth, Super Suprematism, Patherns, Iron affichent une musique électronique éclatée, où s’unissent une énergie coupée au couteau et des rythmiques syncopées. Il y a quelque chose d’assez unique dans Coh, un charme et un minimalisme désincarné associé au label Raster Noton dont il a été et reste certainement l’un des acteurs les plus intéressants. Ce passage black metal par la case Mego est un virage surprenant, aussi bien d’un point de vue visuel que sonore. Les sentiments qui émergent à l’écoute de ce nouvel album sont, eux aussi, assez difficiles à rassembler, peut-être le moment était-il mal choisi ou peut-être les dépouilles de guitare se sont-elles mal relevées… Nul doute, Pavlov a certainement écouté beaucoup de métal dans sa jeunesse, mais on est libre de se demander pourquoi le réintroduire ici de cette manière, alors que le musicien avait réussi à sublimer aussi subtilement son énergie dans ses précédents travaux. Effectivement, les guitares de Iiron sont lourdes et imposantes. L’ambiance générale est plus sombre, plus planante parfois, moins abstraite que les albums précédents, plus prévisible surtout. Il n’y a rien en soi de raté dans ce disque, juste un mélange parfois un peu indigeste, comme si Ivan Pavlov et Greg Sage avaient décidé d’enregistrer un disque dans la même pièce. Là où Coh, jusqu’à sa collaboration avortée avec Peter Christopherson, semblait imposer dans chaque disque un aplomb solide, on se retrouve à la fin du dernier titre de Iiron dans un silence un peu pesant, où plane une légère atmosphère de pourquoi pas.
BENJAMIN LAURENT AMAN