SNIPER
ALAN VEGA / MARC HURTADO
LE SON DU MAQUIS 192
Distribution : Harmonia Mundi
CD
« Sniper » est un cahier de poésie : Alan VEGA lit et enregistre à cru dans NYC, Marc HURTADO imprime à Montpellier : il encode ses petits carreaux, ses gros carreaux, lourds, trace une pompe épaisse d’un marqueur serré du poing.
C’est le disque de poésie VEGA – glossaire VEGA jusqu’à épuisement – What’s next ? Torture Dome !!! – posée sur des feuilles de neige électrostatiques, glissée sur des écrans crépitant d’alertes radar, tatouée sur des sacs de frappe de jeux vidéo ; parfois HURTADO s’autorise l’abandon sublime à une enluminure de paradis perdus sur le crépusculaire « Saturn Drive Duplex » ou dans le geste électroacoustique qui saisit l’Étant Donnés la pluie et l’orage d’un putain de matin où laisser le sang s’écouler. S’adonner là quelque part entre un geste de club saisi par la grâce et un last recording de Billie Holiday…
Anthologie de morceaux choisis : « Saturn Drive » (déjà donné sur deux des plus beaux disques de VEGA « Saturn Strip » – 1 983 et « Dujang Prang » – 1 995), « Fear » (sur « Power on to zero hour » pareil – 1 991) et « Sacrifice » (« Dujang Prang » encore – 1 995).
VEGA classique ? Étant Donnés ? « Sniper » réaffirme les alliances durables comme des amitiés des frères HURTADO avec les an-architectes urbains de la no-wave new-yorkaise, Mark Cunningham, Lydia Lunch (qui gronde depuis Barcelone pour le dernier poème de « Sniper« ), avec Michael Gira, avec les grands irréguliers Philippe Grandrieux, Genesis P. Orridge ou Christophe… Projeter encore le Blind Speed (avec VEGA et Christophe)… Redire le combat de longue durée des frères HURTADO contre « la vie molle« , ici aussi dans le spectacle climatisé d’un
monde devenu plus étrange. Redire qu’ils commencent à enregistrer en l’année 1977. Intense.
YVES BOTZ