FURL
SETH NEHIL
SONORIS SNS09
Distribution : Metamkine
CD
Voici un nouvel opus de Seth NEHIL, dans la même veine que son « Flock and Tumble » publié précédemment par Sonoris, où nous retrouvons un certain
nombre de points communs, comme l’utilisation particulière des voix, très poésie sonore aux relents de Ursonate, mâtinée de Kagel, ou bien cette même ambiance feutrée, et cet espace si particulier qui lui est propre, créé par les silences et l’agencement des plans sonores, ou encore un usage de la percussion comme principe vibratoire et générateur de sonorités.
Pluck (coup sec). Cordes de piano percutées, craquements, rebonds alternés de silence et de fréquences changeantes, entre sons très concrets et traitements électroniques vibratoires, en un jeu de profondeurs et d’espaces, comme une succession de panneaux, générant une atmosphère sereine dans une structure très électroacoustique.
Hiss (sifflement) nous offre une contemplation urbaine et atmosphérique, faite de frottements lointains réverbérés, dans une ambiance de Field recordings, ponctuée de quelques notes résonantes éparpillées, qui rappellent la pluie, bordées de petits sons discrets d’où émerge un sifflement suintement, le son d’une vague, comme une flaque traversée d’un pneu qui se perd dans des résonances aiguës, cernées de calmes fréquences, qui s’achèvent dans un silence brumeux. Swarm (grouillement). Des sons résonants coupés de silences, des fragments de voix, l’instauration d’une rythmique de sons hétérogènes d’où émerge une friture en avant-plan qui s’estompe au profit de fréquences stables et berçantes jusqu’à l’émergence d’un mouvement plus dynamique et touffu précédant le retour de l’utilisation de voix onomatopéiques.
Whoosh. Grandes respirations alternées de froissements dans un espace très ouvert qui se peuple progressivement de pierres qui se balancent, de girations diverses, précédant des sons étirés ; cela vit et grouille, calmement, et s’estompe, laissant la place à une atmosphère chuintante.
Rattle (cliquetis, ferraillement, crépitement). Activités multiples et onomatopées lointaines, vibrations et percussions légères, traits aigus, qui s’amenuisent jusqu’à un quasi-silence, où ne reste plus qu’une rumeur latente s’évaporant progressivement.
À l’écoute de ces morceaux, nous pouvons trouver une certaine similitude avec l’électroacoustique historique dans la construction, mais usant d’une très forte structuration rythmique des sons, tant concrets que traités, et utilisant toute la gamme des manipulations contemporaines possibles (objets amplifiés, prise de son ambiante, utilisation de sons électroniques, traitements et montage…) pour une promenade sonore faite de sérénité et de rumeurs, l’un n’étant pas incompatible avec l’autre.
EMMANUEL CARQUILLE