A WAVE AND WAVES
MICHAEL PISARO
CATHNOR RECORDINGS CATH 009
Distribution : Metamkine
CD
Les photons sont des ondes qui se déplacent à 300 000 km/s dans le vide cosmique, les ondes sonores, en moyenne à 340 m/s dans l’air doivent être portées par l’air on l’a dit, mais aussi le métal
(5 000 m/s) ou l’eau (3 000 m/s). Ce sont des pressions et des creux qui se déploient dans toutes les directions comme les ondelettes autour d’un caillou. L’eau se comporte comme l’air, et est visuellement perceptible.
C’est par l’œil que commença “A wave and waves” dans une région magnifique de Californie du Nord, Big Sur. Là, cognant inlassablement les falaises, le ressac de l’océan a envouté Michael PISARO. Il a aussi constaté le mouvement périodique d’une 7e grosse vague. L’idée n’a fait qu’un tour et comme pour “Hearing the metal 1” et surtout “Unrhymed chord” qui ressemble le plus à “A wave and waves”, il s’est tourné vers Greg Stuart.
Le projet a pris un an pour ajuster les paramètres délicats du jeu, des sources, du temps, aptes à rendre audible la Vague primale qui nous entoure. Dans “Unrhymed chord” le tissu dense complexe de sons était créé par des sources comme le papier, le verre, la terre, le métal et beaucoup de savoir-faire de Greg Stuart. La technique d’écriture et le jeu sont assez proches pour ce travail. “A world in integer” part 1 utilise une progression arithmétique +/d’“atomessons”. Une enveloppe globale amplitude/ temps a été conçue pour répartir les sons de manière que l’acmé du continuum advienne statistiquement à mi-parcours, un peu dans l’esprit de “Having never written a note” de James Tenney mais sans le climax et en beaucoup plus fourmillant. Le rapprochement peut surprendre entre des œuvres utilisant l’une un seul instrument, une forme linéaire déterministe, l’autre une grande quantité de sources et des probabilités. Or le temps les rapproche : le continuum. Une question complexe s’il en est et qui préoccupe M. PISARO depuis sa lecture – sur les conseils d’Antoine Beuger – du livre de Richard Dedekind “Continuité et nombres irrationnels”. Comment une quantité de sons se recoupant par endroit crée une illusion d’homogénéité surtout quand les timbres ont une compatibilité texturelle forte.
La part 2 “A haven of serenity and unreachable” utilise plus de sources pour incarner le mouvement périodique de la 7e vague qui enfle et décroit. Le jeu et le mixage somptueux de Greg Stuart et Michael PISARO donnent autant la
sensation de voir que d’entendre la vague. Épatant travail sur le timbre, le temps et le silence (comme d’habitude un vide numérique en écho à toutes les ondes du monde sépare les deux parties) d’un des compositeurs les plus intéressants d’aujourd’hui.
BORIS WLASSOFF